Les grands volumes





Un dimanche soir de novembre pour deux premières : la première descente hors du GRS et la première descente sans Yom. Stan & moi tentons ce soir une explo de la carrière G. en bordure de V. Je rejoins Stan à vélo vers minuit près de la plaque d'entrée. 20 secondes avant de nous attaquer à son ouverture, un Scenic bleu-blanc-rouge passe à côté de nous...sans s'arrêter, de bonne augure. La plaque est lourde et un peu défoncée mais s'ouvre plutôt facilement, et nous commençons notre descente accrochés aux échelons moites du puits, profond de 25 mètres environ.

Arrivé en bas, le contraste avec le GRS frappe d'entrée : ici, pas de galerie tortueuse, pas de sensation d'exiguité. De la place, du volume, de l'espace vide à perte de vue. La carrière semble vaste avec des piliers tournés monumentaux, et environ 2 à 4 mètres de hauteur sous le ciel. En l'absence de tracé filaire, de corridor et de points de repère, il n'est pas si facile de s'orienter. Nous laissons un cyalume bleu devant la seule entrée.



En déambulant au hasard, nous constatons qu'une vingtaine de solides parois de béton numérotées consolident la carrière à plusieurs endroits. Contruits en pente douce, on peut même escalader ces murs artificiels ! Une bonne occasion de faire les cons...



Ailleurs, on peut voir une ou deux fresques et quelques inscriptions, mais globalement, les murs de la carrière sont presque vierges, et aucun détritus ne jonche le sol. Autre contraste avec le GRS : l'eau n'est présente que par ruissellement ou bien dans quelques passages de gadoue mais on garde les pieds au sec. A un autre endroit, des énormes plaques de calcaire issues d'un effondrement ont servi de meubles en l'état pour réaliser la "salle de conférence".



Vers le sud-est, une jolie galerie basse abrite une surprenante forêt de piliers à bras. La longueur de cette galerie nous fait bien transpirer mais nous sommes récompensés par la découverte d'une confortable salle de pause avec sièges et table. Même si nous sommes un peu moins bien achalandés que d'habitude, nous nous arrêtons ici pendant une ou deux heures avec de la musique pour discuter, manger, boire, fumer et craquer une douzaine de cyalumes que Stan a récupéré par son boulot.



C'est dur de se relever pour y retourner ! Nous décidonc de finir méticuleusement l'exploration de la carrière en marchant le long des murs extérieurs. Quelques dédales circonscrits à moitié remblayés s'offrent à nous ici et là, mais la plupart des petites galeries ont été injectées. Même en se perdant, nous avons fait le tour de la question. Vers 4h30, nous empruntons donc le puits pour sortir. Le baudrier se révèle un luxe indispensable pour pousser la lourde plaque.

La ville dort encore tandis que nous pédalons vers une autre plaque soleil non scellée que Stan a repérée dans le coin. Nous ne savons pas vraiment où elle mène, et nous n'en saurons pas davantage cette fois-ci puisqu'elle résistera à notre tire-plaque ! La grande taille de cette plaque immaculée et la végétation dans les interstices ne sont pas très encourageants. Avec l'envie de profiter des calories emmagasinées en sous-sol, nous nous baladons dans le quartier le nez sur les trottoirs, en découvrant même des tags FC* en surface non loin de là ! Après une pause d'une heure dans un square du quartier, c'est bien refroidis que nous rentrons finalement chez nous. Il est 6h30 et sur les 10km de mon parcours à vélo, les piétons que je croise n'ont pas bonne mine...Associée au retour à l'écurie, l'euphorie d'une bonne nuit de crapahute souterraine atténue un peu le froid mordant de la tempête qui s'annonce.

* acronyme des taggeurs pour ordonner aux anti-tags : "frotte connard !"