La grande boucle





RV à 23h pour une descente touristique avec Yom et une de ses collègues, A. Avec un genou convalescent, Stan a sagement choisi de ne pas venir.
3 premières ce soir : la première fois que A. va visiter les anciennes carrières sous Paris, la première fois que je descends avec une fille (je crois), et aussi la première descente de Yom avec une lampe à acétylène, moins jolie que la mienne mais beaucoup plus efficace.

Nous nous dirigeons impatients vers la grille grillée. Le trou a été gentiment agrandi, mais une évacuation d'eau asperge sans discontinuer tout le puits depuis en haut. C'est donc passablement mouillés et en descendant des échelons glissants que nous arrivons 15 mètres sous terre, ce qui ne constitue pas une entrée très agréable pour la novice qui nous accompagne, mais A. semble s'en accomoder sans broncher. La descente promet d'être studieuse car exceptionnellement, nous n'avons comme drogue que des cigarettes !
A peine le temps de s'équiper que passe devant nous un groupe mixte de 5 jeunes cataphiles sympas : déjà du monde, un jeudi soir !?

Nous remontons donc directement pour aller chercher le calme du GRS septentrional. Assez grande, A. me fait peur avec son pas bondissant : j'ai toujours l'impression que sa tête va heurter le ciel des galeries. Un peu plus loin, nous n'avons jamais vu le niveau d'eau aussi haut à cet endroit, où une dizaine de mètres de galerie innondée nous trempent jusqu'à l'entrejambe. Après un petit détour sous La RocheFoucault, nous passons devant l'ossoff et obliquons dans le bdv Raspail pour aller sous le cimetière Montparnasse où nous laissons A. guider jusqu'au Bureau du centre.

Yom met la musique en marche et la ballade se poursuit avec la viste des "classiques" : fresque, Bocal, bunker de la LuftWaffe, fontaine des Chartreux. Arrivés à la tombe de Philibert, nous voyons passer un groupe de 3 jeunes, bon esprit, qui font cette nuit à peu près le même genre d'itinéraire touristique que nous.



Je suis brusquement préoccupé car je me rends compte que ma torche n'est plus dans mon sac. Après une longue réflexion mûrissante, je pense l'avoir oubliée au bunker en faisant des photos. Mais je n'en suis pas certain, et j'ai surtout la flemme d'aller vérifier ; d'autant plus que je n'ai pas envie de faire subir à A. et Yom les affres d'un retour en arrière (assez long) juste à cause de mon étourderie. Heureusement, Yom me motive pour qu'on fasse l'effort d'aller voir, et - furieux contre moi - je conduis finalement la troupe à marche forcée jusqu'au bunker, où la torche m'attendais paisiblement par terre. On y croise à nouveau le même groupe de 3 étudiants.

Nous repartons vers le sud pour montrer à A. les lieux remarquables du centre du GRS : crypte, cabinet minéralogique, galerie des promos. Au cabinet minéralogique, telle une Sisyphe des souterrains, A. change pour la seconde fois de chaussettes. Elle avait prévu 2 paires sèches de rechange dans son sac. L'inutilité de la manoeuvre nous fait sourire Yom et moi, mais il faut avouer que le réconfort immédiat ne doit pas être déplaisant.
Mine de rien, ça fait 5h30 qu'on marche et on n'a toujours pas fait de pause. A. encaisse tout cela de façon très digne et discrète, sans montrer aucun signe de fatigue, ni lassitude, ni enthousiasme débordant non plus.
Nous nous dirigeons vers la salle des Lanternes pour nous arrêter un peu, mais la salle est déjà occupée par le groupe des trois étudiants, précédemment rencontré à deux reprises. Par rapport aux groupes de jeunes qu'on croise habituellement, ils font davantage "bonne famille", tout en conservant un traditionnel esprit acharné de découverte. Après avoir discuté un peu avec eux, nous nous rabattons pour la pause sur Flagada, une salle renovée en 2011 que je n'ai encore jamais vue.



Lors de la session de "blind test", A. trouve brillamment dans quel tube a été samplé ce morceau d'Enya

Nous somnolons sous une nuit étoilée, avant de nous remettre en marche. Nous sortons par un nouveau trou vers 7h. Alors que le tunnel était encore fermé il y a quelques jours, on ne sait comment certains ont réussi à dégonder la lourde porte en acier de six mètres de haut qui barrait la voie...